Idées vertes (ou la linguistique chomskyenne)
Un moment interne troue l'orage d'une note d'urgence sans trace.
Une pensée soudaine perd ses couleurs dans une conversation impromptue.
Un discours fabulatoire étire un résultat écartelé
par l'ignorance.
Une idée inconnue s'exprime tout haut en criant son désir
de percer.
L'homme qui a vu l'Ourse crie au faussaire l'avancement des sciences.
La femme experte de l'extraction propose un vide là où n'y
avait déjà rien.
L'étudiant épuisé remplie d'indices des structures
floues de paroles.
Le professeur invité perd son cerveau dans l'absolu de ses visions
ergatives.
Ils s'accrochent à l'idée de l'instant déjà partie
sur une autre galère.
Le cerveau suspendu multiplie les dualités que le corps ne connaît
plus.
Ils écoulent une à une les variables sur des chapelets composites.
La langue ne court plus assez vite pour rassembler les molécules
évanouies.
Et le cycle recommence.
S.R. _ 16 avril 1992